Ah Magento ! Pour la plupart de celles et ceux qui me liront, on est sûrement sur une relation complexe avec notre stack préférée. Un peu comme Rachel avec Ross : on lui en veut souvent, mais on est prêt à la défendre bec et ongles. Je vous propose aujourd’hui de revenir sur l’histoire de cette stack qui nous fait parfois lever les yeux au ciel… mais qu’on continue d’utiliser, d’aimer et d’améliorer jour après jour.
De sa naissance en 2007 en tant que CMS interne de Varien Inc., en passant par son rachat d’abord par eBay puis par Adobe, jusqu’à la 2.4.9 annoncée pour l’an prochain, Magento a sacrément bourlingué.
Avant Adobe : les années fondatrices
Retour en 2007. À l’époque, Varien Inc. se lance dans un projet un peu fou : créer un CMS e-commerce libre, modulaire, pensé pour les développeurs. Un truc solide, basé sur Zend Framework, et qui s’inspire d’OsCommerce sans en reprendre les faiblesses. Rapidement, la communauté open source flaire le potentiel : en 2008, Magento 1.0 sort officiellement, et là, c’est le début de quelque chose de gros.
La stack plaît. Beaucoup. Sa structure modulaire, ses possibilités quasi infinies, son orientation très technique : Magento devient l’outil des e-commerçants exigeants et des développeurs qui aiment avoir le contrôle. Le succès est tel qu’eBay commence à s’y intéresser sérieusement. En 2010, ils entrent au capital. En 2011, ils rachètent tout.
Mais cette époque, malgré les moyens d’eBay, est un peu chaotique. Magento 2 prend un retard monstre, l’ambiance interne est tendue, et plusieurs piliers de l’équipe originelle quittent le navire. La communauté commence à s’inquiéter, et même si Magento reste un incontournable, l’avenir semble moins clair.
Depuis Adobe : restructuration et rebranding
Puis arrive 2018. Nouveau virage. Adobe rachète Magento pour 1,68 milliard de dollars. Une somme énorme, mais une stratégie limpide : intégrer Magento à sa suite Adobe Experience Cloud et s’imposer comme un leader du e-commerce B2B et B2C. Très vite, la version Commerce (ex Magento Commerce) devient la priorité. L’édition Open Source, elle, reste disponible… mais visiblement, elle n’est plus au cœur des plans.
En 2020, Adobe pousse le rebranding encore plus loin : « Magento », dans ses canaux officiels, devient « Adobe Commerce ». Et même si on continue tous à dire « Magento 2 », la réalité, c’est que la solution open source perd peu à peu en visibilité. Moins de releases majeures, moins de discussions publiques sur la roadmap, et une communauté qui commence à grincer des dents.
Magento aujourd’hui : une solution toujours bien ancrée
Et pourtant, Magento n’a pas dit son dernier mot. Malgré tout ça, c’est encore aujourd’hui l’un des CMS e-commerce les plus puissants du marché. Et surtout : il tourne. Des milliers de boutiques en production, des intégrateurs toujours au rendez-vous, et une base de développeurs qui tient bon. Parce qu’avec Magento, on peut vraiment tout faire. C’est exigeant, mais c’est aussi ça qui plaît.
La 2.4.7 sortie en 2024 le prouve : le socle est toujours vivant. Mais les tensions entre la communauté et Adobe ne se sont pas apaisées. Manque de vision, manque de transparence, manque d’amour pour l’open source. Ça coince.
Une nouvelle ère à venir ?
Mais voilà que la Magento Association se réveille. Depuis quelque temps, on sent un frémissement. L’envie de reprendre la main sur l’avenir du projet, côté open source. Redonner la parole aux devs, relancer une dynamique communautaire, proposer une feuille de route claire, indépendante… C’est encore timide, mais ça pourrait bien marquer le début d’un nouveau chapitre.
Magento a bien changé depuis 2007. Et on est peut-être à l’aube d’un vrai renouveau. Mais ça, on en reparle très bientôt dans un prochain article.
